05. Des structures de petite taille, fortement inclusives

Le modèle de production réunionnais repose sur des structures de taille familiale.

Quand La Réunion a entrepris sa réforme foncière, en se dotant en 1965 d’une Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer), une stratégie fondatrice, jamais remise en cause depuis, a été décidée : celle d’installer des agriculteurs dans des exploitations de petite taille, de manière à faire vivre un grand nombre de familles.

Aujourd’hui, une exploitation agricole réunionnaise s’étend en moyenne sur 5,6 hectares (7,6 ha pour les exploitations cannières, 2 ha pour les exploitations arboricoles, et 0,7 ha pour les exploitations uniquement maraîchères). Les fermes porcines sont composées en moyenne de 32 truies, la taille moyenne des exploitations avicoles est de 600 m². Par rapport à la métropole, ces exploitations sont de 17 à 25 fois plus petites. Plus de 15 000 personnes y travaillent en permanence ce qui, ramené à la population métropolitaine, correspondrait à plus de 1 120 000 individus, alors que le nombre de personnes en emploi dans le secteur agricole en France est de 754 000 (en 2016).

Les chiffres-clés

42 000 hectares cultivés / 7 000 exploitations

Plus de 15 000 actifs permanents
(près de 11 000 équivalents temps plein)

Environ 7 000 non permanents (saisonniers, groupements…)

Écoulement garanti

La rentabilité des petites exploitations réunionnaises repose à la fois sur des dispositifs de soutiens publics prenant en compte les spécificités de cette petite dimension ultramarine et dans plusieurs filières, sur des mécanismes d’organisation de la mise en marché. Dès les années 1970, les filières porcine, bovine et laitière ont institué un système d’écoulement garanti de la production des adhérents aux coopératives, à des prix calculés en fonction de leur taille et dans le respect de divers critères de qualité, visant à garantir que l’éleveur vive bien du revenu généré par son exploitation, laissant le soin aux coopératives et aux filières d’assurer la commercialisation de la production.

Les producteurs de canne à sucre écoulent la totalité de leur production dans des conditions d’achat, en volume et en prix, garanties sur le moyen terme dans le cadre de la Convention Canne. Ces garanties permettent la viabilité des exploitations et donnent aussi la visibilité nécessaire à l’engagement de nouveaux investissements, ou au développement d’activités de diversification.

Mis en place il y a plusieurs décennies, ce modèle correspond à celui d’une agriculture éthique, aujourd’hui prôné en Europe continentale pour apporter aux producteurs une juste rémunération. Il a d’ailleurs été pris en exemple par la Commission européenne au moment de l’élargissement de l’UE en 2004 pour promouvoir un modèle alternatif au modèle agricole des PECO (Pays de l’Europe Centrale et Orientale), et inspire actuellement d’autres micro-économies insulaires.