03. Des filières structurées

La Réunion a su préserver et développer d’importantes activités productives, malgré de lourds handicaps structurels, grâce à une organisation précoce et volontariste de ses filières.

Devenue département d’Outre-mer en 1946, l’île a réellement été mise sur les rails du développement à partir des années 1960. Dès lors, elle a connu de profonds bouleversements. En quelques décennies seulement, la société de plantation s’est transformée en société de services et de consommation. Le secteur tertiaire a conquis une place grandissante dans l’économie, alors que les secteurs productifs ont vécu d’importantes mutations. L’industrie s’est diversifiée, dans une logique de substitution des importations par une production locale toujours plus performante et adaptée aux spécificités du territoire. Dans le secteur agricole, la réforme foncière a permis d’installer des milliers de producteurs de canne, alimentant des sucreries dont les capacités augmentaient à mesure que leur nombre se réduisait.

Pour nourrir une population en forte croissance démographique, la production s’est diversifiée. Les cultures fruitières, le maraîchage, l’élevage et la pêche, jusqu’alors productions familiales destinées à la consommation de proximité, se sont développées et structurées pour gagner le marché local et export.

Un modèle interprofessionnel

Dès les années 1970, un modèle original de structuration des filières voit le jour pour répondre aux aléas mais aussi à l’étroitesse du marché réunionnais. Le secteur de l’élevage – porc, boeuf, lait – est le premier à s’organiser en interprofession, dans laquelle sont regroupées toutes les familles professionnelles, de l’amont à l’aval, ainsi que les collectivités et l’État. Cette organisation s’est progressivement déclinée dans les autres filières d’élevage, celles des fruits et légumes et de la pêche. La filière Canne-Sucre s’est également dotée très tôt d’une interprofession qui réunit agriculteurs, industriels et État.

Instances de concertation, de définition d’objectifs collectifs et de pilotage des actions, les interprofessions sont aujourd’hui considérées par les pouvoirs publics et les acteurs locaux comme le modèle le plus pertinent pour préserver et développer la production insulaire.