15. Compenser les handicaps structurels

Les handicaps irréductibles qui pénalisent lourdement l’activité économique
insulaire sont en partie compensés par des soutiens publics, sans lesquels
le modèle réunionnais de production locale ne serait pas viable.

A 9 300 kilomètres de la métropole, La Réunion est la plus excentrée des régions françaises et européennes. Ce grand éloignement a des conséquences directes sur le coût du transport entre l’île et l’Europe continentale, avec laquelle s’opère une majeure partie des échanges à l’import comme à l’export.

L’insularité en milieu tropical, si elle procure des atouts touristiques, génère d’autres handicaps. La Réunion se trouve ainsi sur la route des cyclones, qui provoquent régulièrement des dégâts sur les infrastructures et les cultures.

La géographie réunionnaise liée à l’origine volcanique récente de l’île, qui culmine à plus de 3 000 m pour une superficie totale de 2 512 km², apporte également son lot de contraintes. Plus de 40% du territoire est constitué de milieux naturels ne pouvant accueillir quasiment aucune activité humaine, laquelle se concentre sur les zones littorales. De même, l’espace agricole mécanisable se trouve limité par les contraintes du relief.

La taille du marché réunionnais (866 000 habitants), même si elle est plus importante que celle des autres départements d’Outremer, représente également une contrainte forte pour l’activité économique, notamment industrielle. En effet, le principal handicap est lié à l’absence d’économies d’échelle réalisables par la production locale face à la concurrence des entreprises européennes et internationales.

Le statut français et européen de La Réunion lui a permis de rattraper en peu de décennies un énorme retard, en termes de niveau d’éducation, de situation sanitaire et d’équipements, même si les écarts structurels avec le continent européen ne seront jamais totalement résorbés.

Mais pour réussir à exporter, l’île doit composer avec un coût du travail élevé et des contraintes environnementales particulièrement strictes, qui rendent sa production non concurrentielle pour les marchés voisins de la zone océan Indien ou vis-à-vis de ses concurrents originaires de pays tiers tropicaux, quand il s’agit de conquérir des marchés de l’hémisphère nord.

Des soutiens nationaux et communautaires ont été progressivement mis en place pour compenser en partie les surcoûts de l’activité en Outre-mer. Leur maintien est une condition indispensable à la pérennité des filières de production.